C'était l'exposition Mode à ne pas louper! Une expo qui raconte une époque révolue et pourtant pas si lointaine. Une expo qui raconte une histoire de Mode fascinante mettant en scène la collaboration entre l'illustre maison Hermès et Martin Margiela, le couturier qui a créé la mode telle qu'on la connaît aujourd'hui. C'était au Momu d'Anvers que ça se passait; une autre bonne raison d'y courir tant leurs expos sont exigeantes et passionnantes! Cette exposition c'est tout d'abord, la rencontre de deux sensibilités singulières; Hermès l'expression même du luxe et Margiela, l'inventeur de la mode contemporaine! Mais c'est aussi un dialogue. Un dialogue qui met en lumière les créations du couturier belge pour l'ultime marque de luxe française et ses propres créations complètement iconiques. Un peu comme un jeu de ping-pong qu'on aimerait ne jamais voir se terminer.
Au final, c'est une histoire assez peu connue que cette collaboration qui a duré 6 ans! Il y a très peu de photos d'archives et moi-même, c'est à travers de vieilles chroniques/critiques de collections de Margiela que j'ai su qu'il avait travaillé pour Hermès. Il est difficile de retrouver des images de ces années là et ces silhouettes introuvables m'ont hanté pendant des mois. Vous imaginez donc mon impatience d'aller à Anvers pour enfin découvrir le travail de Martin Margiela pour Hermès. En même temps, je ne pense pas être le seul à être obsédé par ces collections qui ont peuplé les rêves des modeuses des années 90; tous les superlatifs pourraient être utilisés tant elles racontent une époque, un âge d'or, une mode singulière très vite devenue iconique.
Dans ces collections, on ne trouve aucun imprimé, ou foulard ou autre sac emblématique de la maison. L'accent est mis sur le savoir-faire: l'idée est de créer un vestiaire innovant en mettant en avant la versatilité et la fonctionnalité des pièces. Bien sûr, on y retrouve aussi des idées chères à Martin Margiela: les trompe l’œil, l'appropriation, la transformation, la fusion développés pour sa propre maison. Dans ses collections, le couturier belge va s'attarder à définir la garde-robe d'une femme irrévérencieuse, malicieuse et un brin expérimentale à travers une silhouette subtile, simple, qui épouse naturellement le corps. Ici, pas d'artifices, pas de taille marquée, rien n'est superflu. Tout est nécessaire.
Chez Hermès, Martin Margiela s'est concentré à construire et développer des silhouettes iconiques et ce, en jouant avec les vestiaires à la fois masculin et féminin; des costumes, des trench coats, des cabans par exemple. Des pièces fonctionnelles qui donnent aux femmes de multiples possibilités, une garde robe à tiroirs où toutes les combinaisons sont possibles et toutes les juxtapositions fortement recommandées. On trouve même des vêtements qui sont composés de deux ou plusieurs pièces comme le trikini Hermès, un maillot de bain en 3 morceaux. Durant cette période, l'innovation était constante et sans limite. La maille devient, entre les mains du designer, la chose la plus confortable grâce à des matières comme la laine ou le cachemire et on voit même l'apparition de pulls sans aucune couture! Grâce à l'expertise de la maison de luxe en matière de cuirs et peaux (peau de daim, cuir d'agneau ou bien évidemment la fameuse peau de crocodile), Margiela a introduit la technique du "doublé"; une technique qui fait "disparaître" les coutures, les finitions, les ourlets grâce à l'utilisation des mêmes matières pour terminer les vêtements. Le luxe est caché mais il est bel et bien là.
Mais cette révolution n'a pas eu lieu que dans le domaine du textile, sur les podiums aussi, tout est chamboulé! Comme pour sa marque éponyme, Martin Margiela veut faire défiler des femmes naturelles, de tous âges (de 25 à 65 ans), de tous styles. On peut trouver ça révolutionnaire de nos jours lorsque Demna Gvasalia le fait dans ses shows Vêtements mais il n'a rien inventé! Le but était de mettre en avant des femmes qui ont une attitude, du caractère, des femmes qui représentent cette irrévérence, cette créativité si chères au designer.
Et c'est aussi pour ça que cette exposition était nécessaire, pour rappeler à la nouvelle génération que ce qui se fait maintenant n'est pas le fruit du hasard, de la virtuosité ou d'un éclair de génie de la part des gens de la mode. Ce qui se fait maintenant, sur les podiums, ce n'est que le fruit du passé. Alors oui bien sûr le futur c'est bien, mais il ne faut jamais oublier le passé!
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Maison Martin Margiela Automne-Hiver 1990-91 "Punk" sweater tricoté par sa mère |
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Hermès Été 2000 Silhouette à poches amovibles en toile "H" |
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Maison Martin Margiela Été 2007 Veste ajustée à revers détachable et pantalon extra-large |
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Hermès Hiver 2001 |
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Hermès Automne-Hiver 2002-03 Sac à main "Initial" en veau Evercalf |
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Hermès Été 1999 |
Toutes les photos des défilés proviennent de Vogue Runway
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